Quand les banques centrales s’en mêlent !
Tout au long de l’été, la conjoncture économique a évolué dans la même direction que durant la première partie de l’année. Suite à une vaccination massive entraînant une baisse des cas, les mesures restrictives liées à la Covid-19 ont été pratiquement éliminées. La consommation des ménages est demeurée soutenue grâce à l’épargne mise de côté pendant la pandémie. Les problèmes de main-d’œuvre et d’approvisionnement dans certains secteurs ne se sont pas encore résorbés. L’inflation et les taux directeurs ont poursuivi leurs hausses en flèche. Les craintes d’une récession au printemps, qui semblaient s’estomper durant l’été, commencent à être véritablement tangibles cet automne, ce qui a amené les marchés boursiers et obligataires, empreints de volatilité, à offrir de faibles rendements.
Dans les prochains paragraphes, nous ferons un survol de la situation économique actuelle, tout en analysant ce qui nous amené à cette conjoncture et quel a été le rôle des banques centrales[1]. Nous vous présenterons ce qui est important à retenir pour l’automne 2022 et les ajustements apportés à notre gestion de portefeuille afin de protéger vos investissements et ajouter de la valeur dans cette période d’incertitude.
[1] Nous utiliserons comme référence la Réserve fédérale américaine ou FED (abréviation en anglais) qui représente la plus grande puissance économique mondiale, les États-Unis. Elle influence d’ailleurs d’autres pays comme le Canada et sa Banque centrale du Canada (BoC) puisqu’ils sont des alliés financiers et des pays limitrophes.
Est-ce que les marchés sont réellement efficients?
Afin de mieux comprendre ce qui s’est passé, il faut remonter en mars 2020, début de la pandémie en Amérique du Nord. À ce moment, c’est la panique mondiale, car nous découvrons un virus contagieux qui affecte la population et pour lequel personne n’a de remède. N’ayant jamais vécu de cas semblable dans l’ère moderne et craignant une grave crise économique, en plus de celle humanitaire et sociale qui se dessinait, la plupart des banques centrales ont décidé d’abaisser leur taux directeur, la Banque Centrale Américaine (FED) passant de 1.5% à 0% dans le même mois. Était-ce la bonne décision ? À ce moment-là, probablement que oui puisqu’il fallait dissiper les craintes d’une possible récession mondiale à venir mais, au vu de la situation actuelle, il aurait été plus judicieux de prendre du recul plutôt que réagir rapidement devant une problématique avec plusieurs données inconnues.
Les différentes mesures sanitaires restrictives utilisées pour éviter la propagation du virus ont fait en sorte que certaines économies ont été fermées pendant des semaines, voire des mois. Les principaux impacts ont été une chute drastique du commerce international et de la productivité, créant des problèmes d’approvisionnement à tous les niveaux ainsi qu’une pénurie de main-d’œuvre par la suite. L’effet culminant de ces décisions s’observe maintenant depuis quelques mois avec le décuplement effréné du taux d’inflation. Il manque de produits et de main-d’œuvre pour les services, donc les prix de ceux qui sont offerts ont augmenté de façon importante. Les banques centrales ont donc décidé de stimuler l’économie en déployant plusieurs plans de sauvetage afin d’aider le consommateur à maintenir son coût de vie.
Aujourd’hui, les causes et effets de la pandémie sont mieux connus et contrôlés. Les banques centrales doivent maintenant resserrer leur politique monétaire en rapatriant de l’argent dans leur coffre tout en contrôlant le problème d’inflation qui grandit. Malheureusement, ce n’est pas seulement en augmentant les taux d’intérêt que l’inflation va diminuer sans causer d’autres dégâts à l’économie. L’inflation est présente car le commerce international n’a pas repris comme auparavant et il y a toujours des problèmes d’approvisionnement et de main-d’œuvre. En ce moment, plusieurs pays tentent de produire différents produits et services qu’ils importaient auparavant, mais malheureusement les coûts de production sont plus grands car ils n’ont pas les matières premières, l’expertise et la main-d’œuvre qualifiée pour le faire. Il faudra compter beaucoup de temps avant que chacun produise par lui-même et soit compétitif. Ainsi, l’inflation est une mesure qui prendra du temps à revenir à des niveaux espérés.
La stratégie actuelle des banques centrales pour contrer l’inflation en augmentant les taux directeurs fera simplement en sorte de diminuer la consommation. Les prix sont élevés et les taux d’intérêt montent rapidement donc le coût du crédit devient élevé, ce qui fait en sorte que nous allons consommer moins. Ainsi, si la vitesse d’augmentation des taux est mal gérée, nous pourrions voir une récession poindre en 2023 en raison d’une croissance économique qui deviendra anémique. Si les banques centrales n’avaient pas mis les taux directeurs à 0% en 2020, les intenses hausses actuelles auraient eu moins d’impacts sur l’économie puisqu’elles auraient été d’une moins forte amplitude. À ce rythme, les taux directeurs nord-américains seront à plus de 4% en décembre 2022. Nous avons de la difficulté à comprendre pourquoi les banques centrales veulent augmenter les taux aussi rapidement sans laisser l’opportunité au marché de les assimiler. Les places boursières sont moins efficientes actuellement puisque ce sont les banques centrales qui influencent les cours par leurs décisions. Plusieurs investisseurs attendent la publication des chiffres d’inflation du mois précédent afin d’analyser les perspectives économiques et les probabilités d’une récession à venir.
Dates importantes à retenir cet automne
Afin de bien vous aider à suivre l’évolution de la situation économique cet automne, voici un résumé, au tableau 1, des dates importantes de publication de données qui sont très influentes sur la conjoncture : l’inflation ainsi que les rencontres des banques centrales, durant lesquelles elles doivent décider si elles augmentent ou non les taux directeurs.
Il est à noter aussi que le 3 octobre est le jour des élections provinciales au Québec et que les élections de mi-mandat aux États-Unis se tiennent le 8 novembre. La première date aura peu ou pas d’influence sur les marchés boursiers, mais la seconde pourrait amener son lot de volatilité.
Les impacts sur la gestion de portefeuille
Une bonne mesure pour voir si le marché des actions est dispendieux ou une aubaine est d’analyser le ratio cours/bénéfices d’une société. Plus ce ratio est élevé et plus le prix d’une action d’une société est cher par rapport à son bénéfice dégagé. À l’inverse, si le ratio est bas, c’est que l’entreprise à un cours sous-évalué par rapport aux bénéfices engrangés. De plus, il est important de comparer ce ratio pour des compagnies du même secteur et ayant une capitalisation boursière similaire. Durant la pandémie, ce ratio a monté en haut de 35 pour les compagnies du S&P500, ce qui voulait dire que les entreprises cotées en bourse se transigeaient à 35 fois leur profit, le plus haut niveau de la dernière décennie. Cela signifie que le marché des actions était suracheté. Historiquement, depuis 1917, la moyenne de ce ratio était de 16 fois le cours-bénéfice. En ce moment, nous sommes aux alentours de 19.5 (voir tableau 2), ce qui semble vouloir dire que le marché des actions est moins cher qu’il ne l’était l’an dernier, lorsqu’il a atteint des sommets, mais qu’il peut encore descendre et se normaliser, surtout si une récession est en approche. Dans le tableau 3, vous pourrez constater l’évolution de ce ratio depuis les années 2000. Selon la conjoncture actuelle et ce qui pourrait arriver, nous pouvons croire que ce ratio va diminuer encore pendant quelques semaines ou mois. Par la suite, nous demeurerons à l’affût afin d’investir dans les sociétés qui profiteront de la remontée et d’une nouvelle phase de croissance.
Ratio cours/bénéfices du S&P500 dans l’histoire
Ratio cours/bénéfices du S&P500 versus la moyenne historique depuis l’an 2000
Lorsque les taux d’intérêt montent rapidement, le coût du crédit impacte plusieurs entreprises ce qui affecte à la baisse les marchés boursiers. En résumé, la classe d’actifs des actions et celle des obligations offrent de moins bonnes performances dans ce type de situation. Mon équipe et moi-même avons déjà vécu de telles situations par le passé, donc nous savons ce qu’il faut faire. Voici quelques actions importantes prises par notre équipe afin de bien performer dans la conjoncture actuelle :
Achat de titres ayant un faible bêta (volatilité relative par rapport à un indice de référence), plusieurs d’entre eux donnent également un bon rendement de dividende.
Achat de titres ayant une faible volatilité implicite et un cours/bénéfice sous ses pairs.
Éliminer les positions dans des titres qui ne font pas de profit ou qui sont endettés.
Éviter les titres dans des secteurs où l’inflation réelle à un impact majeur.
Augmenter la durée (duration) de notre classe d’actifs des obligations.
Renouveler les titres obligataires en choisissant ceux avec une cote de crédit élevée et un rendement à maturité plus attrayant.
S’assurer de la liquidité de tous les placements.
Se garder une portion en liquidité suffisante et l’augmenter à mesure que la gestion de risque atteint les niveaux mis en place au préalable.
La classe d’actifs des obligations de chacun des profils de risque sera augmentée graduellement afin de profiter des taux d’intérêt supérieurs (les taux montent donc la classe devient plus attrayante), au détriment des actions (classe survendue lorsque les taux augmentent et à l’approche d’une possible récession).
Conclusion
Pour le moment, nous sommes tributaires des banques centrales, car ce sont elles qui donnent le ton. Malgré tout, nous avons déjà identifié de quelles façons nous allons profiter de cette situation afin d’améliorer nos performances tout en protégeant votre capital. Nous sommes conscients que l’année 2022 pose son lot de défis, mais notre équipe chevronnée travaille de façon acharnée à minimiser les impacts d’une possible récession à venir. Nous sommes disponibles en tout temps pour répondre à vos questions et écouter vos commentaires. Nous profitons aussi de cette mise à jour économique pour vous remercier sincèrement de votre confiance tout au long de ces périodes d’incertitude.
[1] Canadian CPI Release Schedule. Récupéré de: https://inflationcalculator.ca/cpi-release-schedule/
[1] CPI Release Schedule. Récupéré de: https://cpiinflationcalculator.com/cpi-release-schedule/
[1] Source: Banque du Canada. (29 juillet, 2021). La Banque du Canada publie le calendrier de 2022 des annonces du taux directeur et des livraisons du Rapport sur la politique monétaire et d’autres grandes publications. Récupéré de: https://www.bankofcanada.ca/2021/07/bank-canada-publishes-its-2022-schedule-policy-interest-rate-announcements-release-monetary-policy-report-other-major-publications/
[1] Federal Open Market Committee (17 août, 2022). Meeting calendars, statements, and minutes (2017-2022). Récupéré de : https://www.federalreserve.gov/monetarypolicy/fomccalendars.htm
[1] Investing (27 juillet, 2022). U.S. Fed Funds Target Rate. Récupéré de : https://ca.investing.com/economic-calendar/interest-rate-decision-168
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